| 
				Introduction
 La dysfonction érectile (DE) est aujourd’hui une symptomatologie mieux
		connue, tant dans ses manifestations cliniques que dans ses
		répercussions plus générales sur la vie des individus qui en sont
		affectés. Il reste cependant encore de nombreux points à éclaircir pour
		mieux définir le rôle exact joué par la partenaire dans le déclenchement
		de la DE ou dans son maintien, ou encore le poids qu’elle peut exercer
		sur la prise de décision dans le traitement de l’érection. Face au
		symptôme sexuel masculin, plusieurs types de profils comportementaux et
		cognitifs semblent se dessiner, la plupart du temps en complémentarité
		de l’attitude masculine. Dans une approche intégrative de la difficulté
		sexuelle, il nous apparaît tout particulièrement intéressant d’analyser
		les attitudes féminines face à la DE et d’en tenir compte pour mieux
		orienter la prise en charge d’une pathologie difficile, afin d’en
		optimiser les résultats thérapeutiques.
 
 Face à la DE, un homme longtemps seul
 
 L’implication de la partenaire dans la stratégie
		thérapeutique de la DE est une donnée toute récente pour la communauté
		scientifique internationale et elle est encore bien trop peu exploitée.
		Aujourd’hui encore pour nombre de praticiens, et depuis bien longtemps,
		la dysfonction érectile se résume à une affaire d’hommes, une histoire
		virile se déroulant à huis clos entre celui qui en est atteint et cette
		partie de lui-même qui semble ne plus vouloir fonctionner au rythme de
		ses désirs avoués. Les hommes qui consultent pour DE, seuls la plupart
		du temps, disent volontiers que leur partenaire n’y est pour rien et que
		la DE ne concerne qu’eux.
 Dans une méta analyse de 2001, à partir des milliers de publications de
		la littérature internationale depuis 1986, Grace Dorey ne relève que 26
		articles faisant mention de la partenaire dans la DE. Il faut attendre
		1999 pour voir apparaître la première échelle d’évaluation de la DE ou
		de son traitement, prenant en compte le désir ou la satisfaction de la
		partenaire (EDITS, S. Althof ). Ce n’est qu’en 2002 que le même S.
		Althof lance sa formule connue : “When an erection alone is not enough".
		Il se fait alors l’interprète d’un lent mouvement qui a commencé à se
		faire jour, au sein de la communauté scientifique internationale, en
		faveur de l’idée qu’une prise en compte de la DE trop centrée sur la
		mécanique du corps, conduit souvent à l’échec thérapeutique de molécules
		pourtant efficaces pharmacologiquement. En 2004, l’échelle ISL (Chevret-Measson)
		permet d’étudier de manière plus fine la femme confrontée à la DE de son
		partenaire. C’est la même année que Carson démontre qu’il est possible
		d’associer la partenaire au traitement de la DE. En 2006 enfin, Burnett
		publie une série où il met en évidence que les résultats thérapeutiques
		semblent meilleurs si la partenaire est associée au traitement et à sa
		mise en œuvre.
 
 La DE concerne aussi la partenaire
 
 Dès lors, la question de la partenaire se pose
		avec plus de force et il devient légitime de s’en préoccuper dans la DE.
 
 Conséquences de la DE sur la
		sexualité de la partenaire
 
 L’étude de Fischer, en 2005, résume bien
		l’ensemble des travaux qui démontrent la forte augmentation des troubles
		sexuels féminins après l’installation d’une DE : davantage de troubles
		du désir qu’avant la dysfonction masculine (26%), davantage de troubles
		de l’excitation et de dysorgasmies (31% pour ces deux paramètres).
 Ces chiffres ne sont pas réservés aux DE d’ordre relationnel ou
		psychogène, puisqu’on les retrouve de manière tout aussi importante dans
		les DE à fort indice d’organicité, comme le prouvent quelques études
		concernant la sexualité après cancer de la prostate. Pour Crowe en 2003,
		par exemple, 49% de femmes disent avoir moins de plaisir dans les
		relations sexuelles. Schindel note de son côté en 2005, sur 1134 femmes
		qu’il interroge, 70% de troubles du désir, particulièrement
		significatifs dans 52% des cas.
 Pour Perez, toujours après cancer de la prostate, c’est la baisse de
		fréquence des relations sexuelles, qui semble significative, dans une
		série de 134 Femmes
 
 Dysfonction sexuelle féminine (DSF)
		et dysfonction érectile de l’homme, dans quel sens doit on interpréter
		l’importante relation entre les chiffres ?
 
 L’ensemble des études disponibles montre une
		corrélation importante entre DSF et DE : 56% de désir sexuel hypoactif
		chez les femmes dont les partenaires sont atteints de DE pour Fugl-Meyer
		en 1997. 63% de dysorgasmies pour Chew en 2000, ou 35% pour Greenstein
		en 2006.
 En fait, l’association entre DSF et DE semble justement bien trop
		importante pour n’être lue que dans un seul sens. Les troubles sexuels
		féminins sont légitimes lorsque l’homme est confronté à une DE, mais ne
		pourrait il pas arriver que les troubles sexuels féminins précèdent
		aussi ceux du partenaire ? Renshaw, par exemple, en 1981, trouve 62% de
		corrélations entre DE et dysfonctions sexuelles féminines, dont 8%
		précédent l’installation de la DE. Lorraine Dennerstein, qui suit depuis
		longtemps une cohorte de femmes australiennes pour troubles du désir,
		relève un nombre toujours important de problèmes sexuels masculins chez
		leurs partenaires. Pour Castello Branco, le risque relatif de survenue
		d’une DE est 2,9 fois plus important pour l’homme si sa partenaire
		présente une DSF .
 Et une série récente a bien mis en évidence la forte incidence de
		survenue d’une DE en cas de vaginisme féminin (Pereira 2006).
 Toutes ces études suggèrent donc qu’il n’est pas rare que la sexualité
		de la femme soit en difficulté avant celle de son partenaire, et qu’elle
		puisse jouer un rôle de déclencheur dans la dysfonction masculine.
 
 Une partenaire qui peut jouer un
		rôle dans le maintien, tout autant que dans le déclenchement de la DE
 
 La partenaire est aussi souvent citée comme
		pouvant jouer un rôle dans le maintien de la DE. Elle peut par exemple
		refuser de stimuler son partenaire en difficulté, et cela est
		quelquefois cité comme une cause d’échec thérapeutique d’un médicament
		de l’érection (dans 50% des cas pour Intili en 1998 avec des Injections
		intracaverneuses, ou bien pour 41% des hommes non satisfaits d’un IPDE5
		dans une série d’Atiemo en 2003). Dans la série australienne de Lording,
		22% des femmes concernées par la DE de leur partenaire reconnaissent
		adopter un comportement négatif face au problème. Dans une série de
		2005, 24% des femmes disent se mettre en colère et arrêter la relation
		sexuelle en cas de DE. Mais dans la même série, 44% des hommes
		reconnaissent aussi qu’ils refusent toute stimulation quand ils sont en
		difficulté d’érection (Colson, 2005).
 
 Une partenaire impliquée dans les
		«échecs» des traitements de l’érection ?
 
 Il peut arriver aussi que l’attitude de la partenaire soit responsable
		de l’absence d’efficacité d’un traitement mis en œuvre. L’abandon,
		par exemple, d’un traitement par ailleurs parfaitement
		efficace sur l’érection par refus de la
		partenaire est loin d’être rare (34% dans
		l’étude PISTES de Desvaux et Corman en
		2004, ou 24% pour Colson avec les IIC en
		1995). Il arrive aussi qu’un patient abandonne
		un traitement parfaitement efficace par
		ailleurs sur son érection, car sa partenaire ne
		s’en trouve pas satisfaite (9% en 1991 dans une
		série d’IIC de Virag ou d’Amstrong en 1994).
 Mac Cullough signale en 2002, 37% d’arrêt de
		traitements oraux par manque d’adhésion de
		la partenaire. Colpo, de son côté, avait déjà
		remarqué le nombre important de couples
		pour lesquels le médicament prescrit sans la
		partenaire n’est jamais utilisé. Et pour K.
		Wylie, nombre de traitements sont arrêtés
		pour cause de mésentente conjugale.
 
 Face à la DE, une femme en souffrance dans sa vie et dans son couple
 
 Une analyse plus fine des comportements de
		femmes face à la DE de leur partenaire permet
		de mieux comprendre l’attitude négative de
		certaines femmes. C’est une véritable dysfonction
		de couple qui se met en place face à
		la DE masculine, générant une forte souffrance
		chez chacun des partenaires.
 Il existe, par exemple, davantage de syndromes
		dépressifs féminins dans les couples
		avec DE que dans les couples témoins (44%
		pour Shabsig en 2006). Les couples souffrant
		de DE sont ceux où l’on dénombre davantage
		de conflits entre partenaires (25% pour
		Hawton et Catalan, 1992), et davantage de
		désirs d’infidélité (Speckens, 1995). Et il faut
		savoir que la DE est souvent invoquée comme
		un motif de rupture (17%) voire de divorce
		(12%) par les hommes consultant pour DE
		(Lording, 2000 ).
 
 La plupart des couples avec DE vivent dans une grande distance physique
 
 Pour mieux analyser ce qui se joue entre
		l’homme confronté à la DE et sa partenaire, il
		faut savoir que la plupart de ces couples vivent
		dans une grande distance physique. L’homme
		en difficulté dans sa sexualité se replie bien
		souvent sur lui-même en refusant peu à peu
		toute forme de communication. Riley § Riley,
		qui ont étudié le comportement sexuel de
		128 couples où les hommes souffrent de DE,
		notent que 50% d’entre eux n’ont plus de
		relations sexuelles depuis deux ans et demi,
		bien que 80% des hommes disent que la
		sexualité est toujours aussi importante pour
		eux. Seulement 3,9% de ces couples
		continuent à pratiquer des jeux amoureux
		(cunilingus 1,6% / fellations 2,3%). Et pour
		90% de ces couples, il n’y a plus d’échange
		affectif ni de tendresse physique. Dans une
		série de DE après cancer de la prostate, la
		plupart des partenaires disent souffrir de l’absence
		de tout contact physique dont elle ressentent
		un grand besoin (Glasdam, 1996).
 
 De quoi souffrent réellement les femmes face à la DE ?
 
 Si les hommes ont tendance à se replier sur
		eux-mêmes et à ne plus communiquer en cas
		de DE, il faut savoir que les femmes souffrent
		davantage de cette attitude négative que
		de l’absence d’érection elle-même. C’est ce
		que révèle une étude de 2005 portant sur 501
		femmes françaises (Colson). 44% d’entre elles
		disent être tout particulièrement affectées par
		le désarroi de leur partenaire, et par son
		malaise, 14% par l’absence de caresses et de
		jeux sexuels pour compenser, 14% encore par
		l’impossibilité de toute forme de communication
		avec lui. 7% trouvent qu’il est trop
		négligent et qu’il devrait consulter pour son
		problème, 6% déplorent qu’il ne soit plus
		du tout affectueux. 6% seulement des
		femmes se plaignent de l’absence de pénétration.
 
 Attitudes féminines et profils réactionnels face au comportement sexuel
		masculin
 
 Il s’avère difficile d’identifier des profils de
		fonctionnement psychologiques féminins
		dans cette pathologie, et aucune étude à ce
		jour n’en fait mention. Il semble cependant
		que l’on puisse dégager trois types de
		profils réactionnels féminins étroitement
		modulés par les différents comportements
		masculins, sexuels et relationnels face à la
		DE (Colson, 2007).
 
 Une partenaire hostile
 
 Lorsque la panne d’érection provoque
		chez l’homme de la colère et du dépit
		(14% des cas), et qu’il abandonne rapidement
		la relation sexuelle sans se préoccuper
		du plaisir de sa partenaire, elle-même réagira
		souvent par une attitude d’hostilité ouverte,
		avec frustration (73%), reproches (60%), et
		refus de nouvelles relations sexuelles (35%).
 S’il devient agressif dans la vie de tous les
		jours (14%), ou qu’il s’isole et se réfugie dans
		le silence (19%), sa partenaire aura alors tendance
		à ne pas être rassurante (70%), à faire
		des reproches (73%), à manifester une souffrance
		marquée dans sa vie (55%).
 
 Une partenaire passive
 
 Si l’homme confronté à sa DE, a tendance à
		se décourager et à abandonner la relation
		sexuelle sans chercher à continuer autrement
		(34% des hommes), elle sera volontiers passive,
		abandonnant elle aussi très vite sa propre
		sexualité (64%), évitant de le stimuler (55%),
		et même d’en parler (51%).
 Elle présentera aussi cette attitude lorsque son
		partenaire, face à la DE, aura tendance à
		s’acharner, à recommencer inlassablement les
		mêmes tentatives de pénétration jamais abouties
		car toujours précipitées et décentrées de
		leur moteur érotique.
 S’il donne l’impression de ne pas s’en soucier
		(34% des hommes), elle calquera son attitude
		sur la sienne, et évitera le sujet, tous
		deux s’enfermeront dans le silence et feront le
		deuil de leur sexualité, souvent dans une souffrance
		réciproque et muette.
 
 Une partenaire positive
 
 Face à un homme qui adopte une attitude
		adaptée devant la DE, et l’incite à avoir du
		plaisir autrement (30% des hommes souffrant
		de DE), sa partenaire se montrera, à
		une large majorité, rassurante (97%), affichant
		une attitude active de coopération y
		compris sur le plan sexuel (86%), et n’hésitant
		pas à aborder le sujet avec lui pour le régler
		(79%).
 Quand la relation en général ne se détériore
		pas, et que l’homme ne se réfugie pas dans le
		silence, (36% d’entre eux), elle saura là encore
		être positive, le rassurant (90%) et restant
		dans un dialogue constructif avec lui (89%).
 
 Comment utiliser ces données pour la prise en charge d’une DE ?
 
 Il est aujourd’hui évident pour tous, y compris
		dans la communauté scientifique internationale,
		que la prise en charge d’une DE passe
		aussi par celle du couple et de la partenaire. Il
		est certainement plus difficile de définir des
		procédures de prise en charge, tenant compte
		de modalités réactionnelles différentes et pourtant
		faciles à mettre en œuvre pour l’ensemble
		des praticiens. Il nous semble cependant que
		de grandes lignes de prise en charge peuvent
		facilement être dégagées grâce aux données
		précédentes.
 
 Aider la partenaire à devenir proactive du traitement
 
 Rien ne sera fait contre son grès, ni même
		sans elle. Il faut donc emporter sa coopération
		active face à la DE. Pour cela, trois points
		semblent essentiels.
 
 Dissiper les craintes relatives au médicament
 
 Notre pratique clinique nous confronte quotidiennement
		aux craintes, exprimées ou pas,
		face au médicament de l’érection, et elles sont
		nombreuses. Les IPDE5 ont longtemps été
		diabolisés et rendus responsables d’accidents
		cardio-vasculaires. Même si de nombreuses
		études ont bien mis en évidence l’absence de
		validité scientifique de ces allégations, elles
		sont à ranger au sein des fausses croyances
		sur la sexualité qui ont la vie longue, et qui restent
		vivaces dans les représentations de chacun,
		en particulier des femmes partenaires
		d’hommes en difficulté d’érection. Il existe
		aussi d’autres craintes féminines pouvant limiter
		l’usage du médicament de l’érection. La
		principale est celle de l’hypersexualité («s’il prend ce médicament, il va vouloir le
		faire tout le temps»). Ou encore celle
		d’une mise en rivalité avec le médicament
		(« C’est le médicament qui déclenche
		l’érection, pas son désir pour moi »). Les
		craintes concernant l’impossibilité de
		sevrage sont aussi très importantes.
		Chacune de ces craintes doit être repérée,
		afin d’y remédier en y apportant les informations
		nécessaires.
 
 Redéfinir l’objectif véritable
 
 L’homme en difficulté d’érection a perdu
		bien plus que l’érection, il a perdu sa
		fonction sexuelle. Elle s’est réduite à un
		comportement sexuel devenu stéréotypé
		et régressif à force d’échecs, celui d’une
		sexualité qui a perdu tout moteur érotique
		ou sensuel, à force de découragement,
		d’inhibition anxieuse et d’anticipation
		de l’échec. L’objectif est de
		retrouver l’érection, bien entendu, mais
		peut être aussi plus sûrement, de retrouver
		la part émotionnelle et relationnelle de la
		sexualité, celle qui la nourrit et lui donne vie.
 C’est un objectif décisif qui emportera bien
		souvent l’adhésion de la partenaire, et lui permettra
		de jouer un rôle actif, tour à tour rassurant
		et stimulant pour son compagnon.
 
 Bien expliquer les séquences du traitement à la partenaire
 
 Une prise en charge véritable de la DE doit
		s’inscrire dans une stratégie thérapeutique
		véritable, qui doit être parfaitement expliquée
		aux deux partenaires. Le médicament est prescrit
		avec un objectif et une durée définis. La
		récupération de la fonction sexuelle ne peut
		être que progressive, et chacun doit en être
		averti, afin de ne pas céder au découragement
		en cours de traitement.
 
 
 Donner un feu vert à la partenaire
 
 Agir
 
 Les femmes confrontées à la DE ont bien
		souvent du mal à réagir face à la difficulté,
		principalement par peur d’être maladroites
		ou d’aggraver la difficulté. Le rôle du praticien
		est de les aider à prendre conscience qu’une
		attitude à la fois rassurante verbalement, et stimulante
		sexuellement, est la plus adaptée et la
		plus à même d’aider leur partenaire à guérir.
 Le médicament joue un rôle facilitateur essentiel
		dans le déclenchement de l’érection, mais
		il a besoin d’être relayé par l’excitation sexuelle
		de la relation à deux.
 
 Savoir gérer les attitudes négatives masculines
 
 Nous avons vu que seulement 30% des
		hommes adoptaient une attitude positive face
		à la DE. Les femmes qui y sont confrontées
		doivent être encouragées à jouer leur rôle de
		partenaire à part entière. Elles ne devront pas
		hésiter, par exemple, face à un homme trop
		pressé d’utiliser une érection enfin obtenue, à
		l’aider à prendre le temps de la pénétration.
 Ou bien encore, s’il se sent découragé par une
		érection instable, elles pourront reprendre la
		stimulation avec succès, ou l’inciter à continuer
		la relation sexuelle autrement. Il est toujours
		possible d’avoir du plaisir et de ne pas laisser
		s’installer le silence et la distance physique.
 
 Diversifier les scripts sexuels
 
 Beaucoup de couples ont tendance à rétrécir
		l’action sexuelle autour d’une pénétration
		hâtive, en particulier ceux qui sont confrontés
		à une DE. La consultation sera l’occasion
		d’autoriser une plus grande diversification des
		pratiques sexuelles et des jeux érotiques. Et l’on
		aura quelquefois la surprise de provoquer ainsi
		un renouveau sexuel majeur dans la vie d’un
		couple, voire de remédier à un manque de
		motivation féminin pour une sexualité auparavant
		trop stéréotypée et trop peu ludique.
 
 Adapter la prescription au profil réactionnel de la partenaire
 
 Pour mieux s’inscrire dans une stratégie thérapeutique
		véritable, permettant d’optimiser
		les chances de guérison, il est possible d’adapter
		la prise en charge au couple, à ses particularités,
		ainsi qu’au profil réactionnel de la partenaire
		face à la difficulté.
 
 Quand la partenaire est hostile
 
 Son attitude s’appuie bien souvent sur une
		dysfonction de couple ancienne, dont l’histoire
		est émaillée de conflits jamais résolus, de
		reproches anciens plus ou moins exprimés et
		bien souvent longuement ressassés. Elle peut
		aussi s’être enfermée dans une attitude silencieuse
		et interprétative renforcée par le silence
		du partenaire, ou par ses attitudes négatives
		que nous avons déjà décrites. Intili note combien
		les attitudes conflictuelles ou hostiles de
		la partenaire de l’homme en difficulté peuvent
		être renforcées par un sentiment de culpabilité
		(Intili, 1998). Quelquefois c’est tout simplement
		l’absence de dialogue et l’isolement du
		partenaire en difficulté qui crée l’hostilité de
		sa femme en retour, même dans un couple
		sans dysfonction particulière.
 
 Le praticien sait bien que la résolution des
		conflits anciens est toujours possible, même si
		elle s’avère parfois difficile à obtenir. Il faudra
		cependant savoir reconnaître ses limites et
		accepter l’impossibilité thérapeutique de certaines
		situations. Il serait pourtant dommageable
		de ne pas s’aider ici d’un médicament
		de l’érection. Par son action immédiatement
		concrète sur l’érection, s’il ne permet pas toujours
		de régler les conflits anciens, il aura souvent
		l’avantage d’aider à prendre conscience,
		et à redéfinir les responsabilités de chacun.
 
 Quand la partenaire est passive
 
 Il s’agit bien souvent de couples marqués par
		un rôle masculin prédominant, comme cela a
		bien été démontré par Widmer et Lévy en
		2003. La femme s’y cantonne à des rôles passifs
		face aux évènements et prend rarement
		l’initiative d’une décision. Ce sont des couples
		marqués par des scripts sexuels pauvres, sans
		scénario de rechange en cas de difficulté
		sexuelle.
 
 L’enjeu est ici de savoir suffisamment rassurer
		une partenaire souvent préoccupée par des
		craintes concernant davantage la santé de son
		compagnon que sa sexualité. Il faudra savoir
		l’inciter à une plus grande implication dans la
		sexualité du couple, l’aider à dépasser tabous
		et inhibitions et à devenir partenaire à part
		entière quand cela est possible. Il lui faudra
		apprendre à être moins «nursante» et davantage
		pro-active. C’est en renforçant le rôle
		féminin, que l’on obtiendra les meilleurs résultats
		pour les deux membres du couple qui
		apprendront le bienfait de la réciprocité dans
		la relation sexuelle.
 
 Quand la partenaire est positive
 
 Il s’agit du cas le plus fréquent (70% pour
		Lording en 2000 ), et qui permet la meilleure
		fidélisation au traitement (Hawton et Catalan,
		1992), ainsi que les meilleurs résultats. Mais
		une partenaire positive n’est pas toujours proactive
		(seulement 60% de celles qui réagissent
		positivement le sont, Colson 2005). Elle
		peut avoir peur d’aggraver la situation en sollicitant
		son mari ou avoir du mal à savoir
		quoi faire pour l’aider.
 Le rôle du praticien est ici de conforter dans
		son rôle de partenaire une femme qui sait être
		rassurante. On l’incitera à ne pas hésiter à
		prendre des initiatives à la fois pour aider son
		compagnon à éviter les comportements
		anxieux de précipitation, ou de découragement
		face à la peur de la perte d’érection.
 
 La difficulté de certains cas particuliers…
 
 Il peut arriver aussi que la partenaire n’existe
		pas, et que la problématique soit décentrée
		de la relation à l’autre. C’est le cas des
		hommes qui consultent en disant qu’ils ne
		peuvent avoir de partenaire car ils n’ont par
		exemple plus d’érections matinales ou nocturnes.
		Pour Lording, il s’agit d’un problème
		d’identité virile. Et Lew Starowicz souligne
		dans ce type de difficultés la bonne efficacité
		des injections intra caverneuses.
 Quelquefois il s’agit d’un homme qui ne souhaite
		pas mettre sa partenaire au courant
		(40% dans une série de Mirone en 2002, ou
		47% des cas pour Klotz). Et cela nous renvoie
		là encore à un problème d’identité virile et
		d’homme seul avec lui-même.
 Il peut arriver aussi que la partenaire ne soit
		pas seule. Et Jackson et Lue ont publié en
		1998 une série d’hommes à partenaires multiples
		ayant une DE, en soulignant pour eux
		les difficulté d’un sevrage des IIC.
 Nous avons encore moins de données publiées
		concernant les couples homosexuels, pourtant
		nombreux, qui sont, en règle générale,
		écartés de toute étude scientifique.
 
 Conclusion
 
 La plupart des auteurs ont du mal à considérer
		la DE comme une entité, tout comme le
		couple lui-même, et réfléchissent plus volontiers
		par exemple en termes de satisfaction
		individuelle masculine ou féminine face aux
		traitements proposés, comme cela est le cas
		dans les rares échelles d’évaluation qui prennent
		en compte l’avis de la partenaire. Nous
		pensons cependant que, comme dans toute
		dysfonction sexuelle, le véritable patient est ici
		le couple. Le couple est l’espace de référence
		de la relation sexuelle, le lieu de l’émergence
		du symptôme sexuel, mais aussi celui de sa
		résolution. Le véritable objectif, dans la DE
		comme dans les autres dysfonctions sexuelles,
		n’est pas seulement la réparation symptomatique,
		mais bien la récupération progressive de
		la fonction sexuelle, et le renouveau du jeu
		amoureux qui en est le support et l’expression.
		Trop longtemps ignorée, toujours impliquée,
		la partenaire est peut être le chaînon
		clé de la guérison dans la DE.
 
 Dans le cas de la DE, le médicament joue un
		rôle essentiel en apportant l’apaisement symptomatique
		par son action concrètement
		immédiate. Une stratégie thérapeutique bien
		conduite, tenant compte du couple et de la
		partenaire, permettra à la fois d’en optimiser
		les effets, et de conduire le patient jusqu’à la
		guérison quand elle est possible, c'est-à-dire
		dans un grand nombre de cas.
 |