Sexologos  n° 17

Janvier   2004 

Marie Hélène COLSON

Publications

 

DÉMYSTIFIER L’ANTICIPATION NÉGATIVE 
ANTICIPATION PATHOLOGIQUE ET CADRE DE PRESCRIPTION
THÉRAPEUTIQUE

 

L’anticipation est : 


Une représentation individuelle.
Entre mémoire et projet.
Entre perception et projection de l’action.
Un facteur de progrès, d’expérience, d’adaptation.
Une confiance et une espérance.
Un partage et un échange.
Un engagement.
Un jaillissement, la vie avant la vie.
Un organisateur d’activité humaine.

Ce qui pose problème aux patients, c’est quand l’anticipation devient angoisse.

« Quant les mécanismes de défenses sont relativement simples, l’angoisse est plus directe, moins bien neutralisée et compensée » (H.Ey)

 

Ceci touche particulièrement les hommes présentant une dysfonction érectile, avec un engrenage qui les submerge rapidement.

 

Il y a plusieurs mécanismes impliqués dans la perte d’érection. 

 

1) Le perfectionnisme.

Ce sont des hommes dont les critères de vie sont les suivants.
Excellence, rigueur, dépassement, ambition.
Excès d’activité productive, efficacité.
Mépris des activités de plaisir.
Capacité émotionnelle et d’attachement limitée.
Leur sexualité est basée sur :
L’action et la rationalisation qui priment sur l’émotion, la relation.
L’autre objet d’excitation.
La confusion entre désir, désir excitatoire et désir d’infaillibilité.
Pour eux ce qui importe, c’est se dépasser, se réaliser.
La performance.
2) La fragilité : « anxio-phobiques ».

Ce sont des hommes qui ont tous le même profil avec : 
Conduites polyphobiques (microbes, sida …).
Troubles pseudo-compulsifs, TOC.
Plaintes somatiques multiples, hypocondrie.
Rumination, tension.
Soucieux, préoccupé.
Leur sexualité est :
Un sujet de préoccupation.
Un engagement porteur de craintes et de soucis.
3) La fragilité : « anxio-sensitifs ».

Ce qui caractérise ces hommes-là, c’est un faisceau de signes souvent tous présents.
Hypersensibilité à la critique.
En carence d’estime de soi.
Volontiers dysmorphophobiques.
Besoin de réassurance permanent.
Préoccupés de leurs propres compétences.
Leur sexualité se résume à :
Prouver leur virilité, leur compétence.
L’autre objet de réassurance.
Recentrage permanent sur eux-mêmes.
4) La fragilité : « anxio-évitants ».

Presque tous ces hommes sont en commun : 
Timidités, phobies sociales.
Peur de l’abandon.
Peur de ne pas être à la hauteur.
Manque d’estime de soi.
Dépression atypique.
Leur sexualité se décline en :
Crainte de l’engagement.
Ne s’impliquent que s’ils se sentent aimés.
Inhibés dans les situations relationnelles nouvelles.
5) La fragilité : « anxio-dépendants ».

On les reconnaît assez facilement car ils sont : 
soumis, « collants ». 
Ont peur de la séparation et 
Ont un besoin permanent du soutien, de l’approbation de l’autre.
Leur sexualité est faite :
Pour ne pas se sentir seul.
Pour retenir l’autre et 
Dès qu’une relation se termine, urgence d’en trouver une nouvelle.
6) Le conformiste.

Il décline bien souvent ce qui l’amène.
Se conformer, être dans les normes.
Routine, banalisation rassurante.
Importance des idées reçues et des contraintes éducatives.
Souvent obsessionnel et dépendant.
Quelquefois régression post-traumatique.
La sexualité présente toujours les mêmes points négatifs :
Une libido faible.
Des scripts sexuels pauvres et ritualisés.
Un rituel nécessaire.
Une grande notion de « devoir conjugal ».
Profils, comportements, cognitions et anticipation pathologique.
Regroupons maintenant ces profils afin de mieux comprendre leur implication dans la dysfonction érectile.
Deux grands mécanismes s’installent : l’acharnement et l’évitement.
1)- L'acharnement
2)- L'évitement
Il existe de ce fait une perte des repères de temps et d’espace à deux qui nuit à la sexualité par : 
Une altération des représentation du temps.
Temps futur (acharnement).
Temps passé (évitement).
Des attentes irrationnelles.
. Une sous évaluation de ses possibilités de performance.
. Une perte de l’évaluation des conséquences de l’action menée.
. Une focalisation sur l’échec, la performance, pas sur la relation sexuelle.
. Une conviction d’incurabilité.
. Une régression comportementale, cognitive, affective.
Il faut les aider à s’en sortir grâce à : 
Une étape cognitive,
A la recherche des pensées automatiques.
En modifiant les attitudes et les pensées alternatives.
En combattant les idées reçues et les fausses croyances.
Une étape comportementale, qui comporte : 
Une récupération progressive.
L’entraînement à la confiance dans l’engagement.
Comment passer des comportements anxieux aux comportements amoureux.
Instaurer un processus de révision.
Leur apprendre à faire l’expérience du temps vivant.
Pour cela, il faut mettre en place le cadre de prescription.
L’acharnement : du temps pour apprendre à prendre le temps est le leit motiv.
Relancer l’érection pour relancer la relation.
Permettre le relâchement et l’abandon.
Apprendre le temps de la sensualité et du plaisir.
Faire l’expérience de l’attente.
Attention à l’escalade thérapeutique.
L’évitement : du temps pour reprendre espoir est alors le credo.
Relancer l’érection pour relancer l’action.
Renforcer la confiance.
Apprendre le temps de la progression.
Faire l’expérience des temps de la réalisation.
Ne pas confondre effets secondaires et effets dangereux.
Pour terminer, permettez-moi de citer ce que je leur dis presque à chaque séance : 
« Libérer le temps pour aller vers l’infini du plaisir, du partage ».

 

COLSON Marie Hélène

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