Les victimes de sévices sexuels dans leur enfance deviennent moins souvent qu’on ne le pense des bourreaux à l’âge adulte, selon une étude
britannique publiée par le « Lancet » (8 février).
Selon les études, la proportion d’anciennes victimes parmi les agresseurs va de 3 à 37 % chez les hommes et de 7 à 53 % chez les femmes. Le
Pr David Skuse et ses collègues de l’Institut de santé de l’enfant de Londres ont voulu préciser cette prévalence et surtout définir les
facteurs de risque. Ils ont obtenu les dossiers de 224 garçons victimes, de 7 à 19 ans auparavant, de sévices sexuels et dont les
comportements avaient été répertoriés par les services sociaux et médicaux ; et ils ont cherché dans les statistiques nationales combien
d’entre eux avaient commis des délits ou crimes sexuels. Ils en ont trouvé 26, soit 12 %, auteurs d’agressions sexuelles, dans presque tous
les cas sur des enfants et le plus souvent à l’extérieur de leur famille.
De nombreux facteurs augmentent le risque ; négligence matérielle, manque d’autorité et sévices sexuels commis par des femmes ; un tiers des
enfants victimes devenus plus tard bourreaux avaient commis des actes cruels envers les animaux durant l’enfance, contre seulement 5 % de
ceux qui ne sont pas devenus à leur tour des agresseurs ; et les enfants victimes qui avaient été témoins de violences dans leur famille
avaient trois fois plus de risque de devenir des agresseurs.
Constatant que l’inquiétude du public vis-à-vis de la pédophilie augmente, le Pr Skuse souligne que, « au-delà des sévices sexuels,
d’autres expériences peuvent augmenter significativement le risque de conduite sexuelle agressive ultérieure ». En comprenant mieux les
mécanismes d’une continuité dans les mauvais traitements sexuels », on pourra mettre au point une prévention plus efficace, conclut-il.
|