ÉDITORIAL ADIEU L’AMI | La SFSC est en deuil, car elle a perdu un de ses membres fondateurs et non des moindres, le Dr Gérard VALLES.
A ceux qui ne l’ont pas connu, je dirai, vous avez manqué un grand homme.
A ceux qui l’ont connu, je dirai, il est toujours là.
* Sa barbe blanche mangeant son visage de capitaine Haddock était son emblème. Il aimait la caresser avant d’amener une de ses formules définitives dont il avait le secret et qui, bien souvent, éclairait le débat.
* Sa voix était sa marque, car elle avait toujours le ton juste, même quand elle montrait sa colère.
Sa voix c’était sa capacité à dire ce qu’il pensait, à n’importe quel moment et devant n’importe quel interlocuteur.
Qui ne se souvient de son discours magistral au cours de la séance inaugurale du Congrès Mondial de Sexologie à Paris en juin 2001, fustigeant les bien pensants et les dictatures !
* Ses mots étaient ses mots. Il les articulait comme des perles afin que l’idée qu’il émettait se construise comme un collier et puisse véhiculer ses idées où la rigueur de LACAN n’avait d’égale que son humanisme de sexologue.
* Ses humeurs étaient à la hauteur de l’ÉTHIQUE qui l’animait et de ce fait ne souffraient pas d’être en défaut par des raisonnements fumeux.
Combien de fois sa présence au sein des réunions de la SFSC a été apaisante, bénéfique et productive !
Il avait cette capacité à fédérer, cette activité débordante, cette joie à communiquer, cette envie de partager qui en a fait un homme indispensable. Et pourtant, il n’est plus là !
QUE DEVONS-NOUS FAIRE ?
Nous continuerons son œuvre afin que la SFSC reste plurielle et ouverte.
Nous nous rappellerons ses consignes répétant inlassablement « La Loi, rien que la Loi, mais toute la Loi ».
Cet homme, ce médecin, ce psychanalyste des enfants avait comme il le plaisait à le dire, mis au monde 2000 bébés, ce qui lui donnait le droit de parler de la vie et de la mort.
Car, qui n’a jamais pratiqué cet acte de foi qu’est l’accouchement ne peut savoir à quel point la vie et la mort sont proches, ainsi qu’Eros et Thanatos.
Ce n’est pas par hasard qu’il était sexologue, c’est-à-dire à l’écoute des mots de ceux qui souffrent et non pas uniquement prêt à prescrire, souvent pour calmer sa propre angoisse.
Pour lui, être sexologue c’était comme il me l’a dit un jour dans sa cuisine, avant de me proposer d’être le futur président de la SFSC « c’est avoir ce grain de folie qui fait que l’on peut faire rimer AMOUR avec TOUJOURS ! »
Il est parti d’un grand éclat de rire et a ajouté « c’est le jour où l’on sait que ce que je viens de dire est faux qu’il faut devenir sexologue ».
* L’amitié qui nous liait était, je le pensais immortelle, mais le cancer l’a saisi sur son bateau et l’a emporté en cendres sur la mer qu’aimait tant.
Je sais qu’il est quelque part et que nos liens sont toujours présents et forts.
Il est l’ami mâtiné de Père, il est celui qui pour nous tous est parti trop tôt, mais n’est-ce pas mieux nous guider et faire de ces 30 ans de la SFSC une année lumière ?
Une étoile de plus brille dans le ciel et je pense que vous tous la voyez tous les soirs comme moi, grâce aux lunettes de l’amitié.
Tu faisais toujours trois bises en partant, permets moi de t’en faire une quatrième au nom de tous les sexologues du monde.
| Dr Marc GANEM
Président de la SFSC |
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