Les filles victimes de sévices sexuels dans l’enfance seraient davantage à risque d’accidents de la voie publique, selon une étude présentée à la Conférence européenne sur la promotion de la sécurité et le contrôle des traumatismes.
Spécialisée dans la promotion de la santé et la prévention des conduites à risque auprès de 15-30 ans, l’association Aremedia et son équipe, dirigée par Marc Shelly, médecin à l’hôpital Fernand-Widal (Paris), en lien avec Marie Choquet (unité Santé de l’adolescent de l’INSERM), met en évidence, pour la première fois, une exposition aux accidents de la voie publique augmentée de façon significative chez les jeunes femmes victimes d’abus sexuels pendant leur enfance.
Dans cet échantillon de population a priori non sélectionné, la prévalence des abus sexuels dits « précoces », impliquant un contact génital, allant de l’attouchement à la pénétration, et survenant avant l’âge de 12 ans, s’établit à près de 8 % notamment chez les femmes et la moitié chez les hommes. Une telle prévalence est pratiquement identique à celle enregistrée par une des rares enquêtes épidémiologiques européennes, récemment menée en Finlande auprès de 7 000 jeunes constituant un échantillon national représentatif d’une classe d’âge.
Dans l’étude d’Aremedia, chez les hommes victimes d’abus sexuels avant ou après l’âge de 12 ans, aucune relation n’apparaît avec le risque d’accident de la voie publique.
En revanche, chez les femmes, et seulement lorsque l’abus s’est produit avant 12 ans, cette association existe, avec un risque pratiquement multiplié par trois (2,93), indépendamment d’éventuels facteurs associés susceptibles d’interférer avec le risque d’accident (suicide, consommation d’alcool, de médicaments psychotropes ou de drogues illicites).
L’identification de ce nouveau risque, potentiellement mortel, lié à l’abus sexuel précoce, et s’exprimant à distance lointaine dans le temps, élargit l’éventail des sérieuses conséquences à long terme actuellement connues de ce psychotraumatisme majeur, qui apparaît à l’adolescence et chez l’adulte jeune : grossesses précoces, le plus souvent non désirées, IVG à répétition, infections sexuellement transmissibles, conséquences d’une sexualité non protégée, associée à une grande instabilité affective et sexuelle (multipartenariat et souvent prostitution épisodique) ; abus d’alcool (voire alcoolo dépendance, particulièrement évocatrice chez la femme), surconsommation de médicaments psychotropes (et souvent automédication) ; troubles du comportement alimentaire (anorexie ou boulimie, avec ou sans vomissements forcés), auto-mutilations, tentatives de suicide répétées,
etc.
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