La page
du Secrétaire Général
Répartition |
Au
décours d’une discussion récente, je notais à quel point la
répartition des rôles dans le couple restait un élément
d’affrontement entre hommes et femmes.
Conflit "externe" d’ordre relationnel : la répartition des tâches,
qui est encore loin d’être égalitaire (affirmation bien entendu
contestée par certains mais nous y reviendrons…), est un élément
conflictuel dans le couple. Nous le constatons à maintes reprises
chez nos patients en difficulté : une femme, prise en étau entre sa
profession (ou ce qu’elle peut en sauver) et les tâches domestiques
et/ou éducatives, demande de l’aide à son conjoint sans obtenir de
réponse. Héritage social, prédisposition génétique ou élaboration
psychique, peu importe, la femme reste enracinée dans ses
attachements à ses enfants et les responsabilités qui en résultent.
Conflit "interne" pour l’homme qui se heurte aux représentations
qu’il a de son identité sexuelle. Il doit à la fois abandonner son
repère traditionnel de masculinité, probablement le plus
représentatif, le travail, mais, il faut tout de même l’avouer, il
doit aussi renoncer à un aménagement confortable de sa vie sur le
plan domestique et psychique. Qui doute que l’exercice d’une
profession n’a pas le plus souvent une fonction «narcissisante» pour
l’homme, à la fois pour la réussite qu’il peut en tirer mais aussi
dans la fonction valorisante (virilisante ?) d’être l’élément
nourricier de sa famille ? Dans une métaphore un peu osée, nous
pourrions dire que l’homme reproduit le cocon protecteur et
nourricier pour sa famille de la même façon que la femme donne le
sein à son enfant. Mais tout ceci conférait à l’homme une autorité
malsaine parce qu’il en résultait un pouvoir à l’origine d’une
dépendance de la femme, dépendance que mai 68 s’est évertué à
combattre.
Certains rétorqueront que la tâche de l’homme est rude et qu’il
existe des travaux harassants auxquels la femme ne se hasarde pas.
Mais si ces hommes rentrent chez eux le soir et peuvent prendre un
repos légitime dont on ne conteste pas la nécessité, quelles sont
les tâches journalières de leurs conjointes ? Outre les activités
professionnelles proprement dites, ménages, travail d’ouvrières…,
dont la pénibilité physique est proche de ce que l’homme endure si
l’on tient compte de la morphologie de la femme, elles
s’astreignent, après leur travail journalier, aux activités
domestiques (entretien de la maison, nursing des enfants… et du
mari).
L’homme moderne est souvent confronté à un choix : son confort
psychique et physique ou la sauvegarde de son couple. Nul ne sait si
les femmes trouveront leur contentement dans ces nouveaux modes de
vie, ni que si l’image de ce nouvel «homme» leur conviendra. La
survie des couples actuels ne résulte plus d’une bonne adhésion aux
codes sociaux masculin/féminin mais de la capacité de chaque
partenaire à discuter et à construire ses propres arrangements sans
renoncements excessifs.
|
Arnaud SEVENE
Secrétaire Général de la Société Française de Sexologie Clinique
| |
|