LE POIDS DES 
IDÉES
REÇUES

 

Docteur Yves Ferroul



Dans nos sociétés occidentales, l’idée la plus répandue est que le pouvoir est entre les mains des hommes, tandis que les femmes n’auraient de place sociale – dans le couple, la famille, la communauté – que soumises à l’homme. Et cette hiérarchie des sexes culminerait dans la sexualité où « les femmes seraient des créatures sexuellement passives, vouées aux tâches du maternage, et totalement dépourvues de sens politique », tandis que « seuls les mâles auraient, en matière d’évolution, avantage à être compétitifs et aventureux dans le domaine sexuel ». Or on pensait aussi jusqu’à une date récente que la femelle primate « était moins avide de s’accoupler que le mâle » : « elle veut être courtisée ; elle est timide, et on la voit souvent chercher longuement à s’échapper ». Mais depuis les années 80 les nouvelles observations des primatologues mettent en évidence que les femelles « sont des créatures hautement variables, parfois monandres, plus souvent polyandres, parfois nourrissantes et coopérantes, d’autres fois en compétition, destructrices et aussi susceptibles que leurs homologues mâles de lutter pour un statut dans les sphères qui les intéressent ». Et si pour les humains aussi les apparences étaient trompeuses, et qu’un changement de questionnement et de regard permettait de la même façon de repérer d’autres comportements ? Certaines affirmations péremptoires sur la sexualité féminine sembleraient alors beaucoup moins fondées que l’opinion générale le croit, et l’image de la femme gagnerait en richesse et en variété. 

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