LA SEXOLOGIE D’HELEN KAPLAN AU DSM IV



Après que Freud ait inscrit la sexualité dans l’histoire de l'individu, Masters et Johnson montraient que le symptôme sexuel était aussi le marqueur d'une rencontre "ratée" faite d’attentes et d’habiletés différentes dans le couple . De ce concept naissait une prise en charge reposant sur la reprogrammation et la pédagogie sexuelle qui pouvaient dissoudre le symptôme.
Mais cette approche était parcellaire et de nombreux thérapeutes n’ont pu reproduire leurs résultats; ce qui a entaché les sexothérapies de doute quand à leur efficacité à une époque dite scientifique où les prises en charges sont basées sur des preuves .
Toute la difficulté semble reposer sur les définitions et les concepts attachés au symptôme sexuel.
Pour Masters et Johnson, leur sélection de patients a été basée sur un appel d’offre quasi publicitaire basée sur la publication médiatisée de leurs résultats thérapeutiques ; le slogan de l'époque était "ne souffrez plus, le plaisir n'est plus interdit". Si bien qu’une approche thérapeutique étayée sur de la dédramatisation et de l'autorisation pédagogique des sens et des habiletés sexuelles se justifiait pleinement.
Aux premières époques de la sexologie on a laissé les patients définir leur symptôme et ce qu’ils voulaient changer pour avoir ce "droit au plaisir".; ce n'est qu'avec Helen Kaplan que ce symptôme "bête" commence à prendre du sens et qu'elle exprime que sous le manque de pratique il n'y a pas que le manque d' éducation mais aussi derrière un manque de confiance en soi un manque identitaire, un perfectionnisme ou encore une communication aberrante dans un lien de couple à éclaircir.
G. Abraham et W. Pasini reprennent ce système de lecture le réaménagent et le diffusent en Europe ; le symptôme sexuel devient une fonction de communication ou bien une fonction individuelle dans l'économie de l'individu, qu’il faut savoir décrypter pour que la prise en charge y réponde.
Ce type d’approche basée sur l’interprétation vient encore poser la question de son manque de reproductibilité d'un individu à l'autre, ce qui peut s'expliquer par l'aspect individuel de la problématique de chacun.
Helen Kaplan, pendant ce temps, réussit en avance sur deux décennies, à poser le principe des thérapies intégratives sans les nommer encore, mais ainsi elle complique l'évaluation thérapeutique car il faut changer de niveau constamment ce que ne savent pas évaluer (ni encore) les évaluateurs.
Viennent alors les classifications internationales basée sur le DSMIV dont la motivation "athéorique" est de niveller tous les niveaux d'interprétation dépendant d'écoles trop différentes pour permettre de parler ensemble de la même chose et de pouvoir comparer les résultats thérapeutiques sur des bases identiques.
Le résultat en est une abrasion de tous les systèmes de pensée se rapprochant des dimensions imaginaires symboliques et interactives de l'individu, qui se prêtent mal à l'évaluation, et qui sont remplacés par des indicateurs vidés d"intelligence" et formels. Les symptômes sont redevenus bêtes mais mesurables, et le danger en est que pratiquement réductibles à des valeurs logiques Oui/ Non, le langage du patient pour les décrire en est réduit à sa plus simple expression ; çà marche ou ne marche pas.
A y fouiller de près, on peut voir que les systèmes de preuves dont ils dépendent pour avoir une valeur scientifique, sont préfabriqués par ceux qui ont intérêt à les utiliser et tenir ainsi "une science" à leur mesure et coupée au couteau faute de savoir la ciseler avec art. 
Mais la machine commence à échapper et les hommes ne se contentent plus d'avoir une érection, ils commencent à montrer faute de le dire qu'ils ne savent pas quoi en faire en ayant de plus en plus de troubles du désir et des couples instables.
Un concept naît de celui qui l'imagine ; le problème est bien situé dans “l'intention” du système de pensée de sa création. 
C'est de cette évolution qui nous mène là où on ne sait pas toujours qu'on est mené qu'il faut réfléchir ensemble.

 

Mireille BONIERBALE



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